Je vous avais promis une 2e partie, et (pour une fois) je tiens parole

Commençons par la suite et fin de la visite

Une salle qui a l'air de servir pour enregistrer des vidéos, podcasts, vlogs et autres

dans une autre salle, il y avait une imprimante 3D, entre autres

un amphi

Déjà vu, mais... J'aime beaucoup cet escalier, je ne m'en lasse pas...

et un autre escalier...

il y avait même un ascenseur, que je n'ai pas photographié, même si c'est beaucoup plus exotique (on n'a pas bcp de bâtiments avec des ascenseurs ici)

un autre coin détente (et plus si affinité )

table de ping-pong

dans le même espace que le coin musique (j'ai un peu des doutes sur la cohabitation)

je n'ai pas tout photographié : j'ai évité les coins où il y avait trop de monde ou où il était impossible de ne pas avoir des gens en gros plan, mais ça vous donne une idée

A noter aussi, qu'il y a une sorte de terrasse pour pouvoir dormir en plein air sans avoir à se soucier des ours... par exemple pour tester son sac de couchage. Il y a une spécialisation "expédition et vie en plein air" qui est en train de planifier une expédition à ski de 10 jours entre Isfjord Radio et la côte est... à vue de nez entre 130 et 150 km je dirais

Mais revenons à la question de fond soulevée hier : pourquoi la Norvège est-elle si généreuse pour cette école destinée à des jeunes qui ne sont là que quelques mois et se font plaisir ??

C'est en fait très politique. 

Et le rôle politique de Svalbard, Longyearbyen et de ce qui s'y passe, ce n'est pas nouveau mais ça s'est bcp amplifié ces dernières années.

Un des gros soucis, c'est la présence norvégienne. Même si la souveraineté de la Norvège n'est pas remise en question, la Norvège a comme but affiché d'avoir des norvégiens à Longyearbyen, de préférence des familles, et l'idéal est que les gens ne restent pas trop longtemps : on n'est pas censé passer sa vie ici. Les étrangers sont acceptés (qu'ils soient de pays signataires du traité du Spitzberg ou pas, d'ailleurs) mais la majorité des habitants doivent rester norvégiens, la politique locale (très limité en fait) doit rester sous contrôle norvégien, la communication doit se faire majoritairement en norvégien...

Le problème, c'est que doucement mais sûrement, ça évolue pas du tout dans ce sens. Le nombre de norvégiens a eu tendance à diminuer lentement alors que le nombre d'étrangers augmente vite, du coup le ratio norvégiens/étrangers en a pris un coup. Et ça ne va pas s'arranger quand la dernière mine de charbon norvégienne, la mine n°7, va fermer (c'est maintenant reporté à 2025) parce que tous les mineurs concernés sont norvégiens et ils ont des familles présentes en ville. Par quoi remplacer l'activité minière ? et surtout comment faire pour que ce soit des norvégiens ? à ce jour, on n'a pas trop de plans, que de vagues idées... des moulins à vent (ou des éoliennes peut-être ). Ils ont bien essayé d'inspirer des activités innovantes et nous ont jeté au visage des splendides concepts comme testination (Longyearbyen/Svalbard comme endroit pour tester des solutions notamment propres à l'arctique mais bon, concrètement, à part quelques panneaux recouverts de peinture par Jotun ou un véhicule autonome qui a patrouillé la rue piétonne pendant quelques jours, on n'a pas vu grand chose).

Quand Svea/Lunckefjell (la plus grosse mine qui produisait par jour ce que la mine 7 produit par an en gros) a fermé, les efforts ont été portés sur le tourisme. La mission a été donnée de doubler les emplois dans ce secteur pour compenser, et c'est ce qui s'est produit... plus vite que prévu... juste un couac, "ils" avaient oublié de préciser emplois norvégiens. Et dans le tourisme, globalement, c'est pas des norvégiens. En plus, maintenant, le tourisme est mal vu et ne se développe pas comme l'état voudrait. En gros, un bon touriste devrait venir en avion électrique (c'est pas pour tout de suite), rester une bonne semaine en ville (pour l'instant, en moyenne on est à 2,5 nuits), faire des activités à proximité de la ville, claquer bcp d'argent, mais pas laisser de trace.

Une autre idée lancée localement, c'était lié à la pêche. On n'a plein de bateaux de pêche dans le coin mais le poisson on n'en voit pas la couleur. Il n'est pas débarqué ici. Avant, c'était carrément interdit par la loi. Certains ont vu un potentiel pour développer une activité. La loi a été modifié, c'est maintenant légalement possible. On a aussi parlé du crabe des neiges, le fameux snøkrabbe, le petit  frère du king crab, à l'origine de profonds désaccords entre la Norvège et l'Europe entre autres. Mais tout à coup, quelqu'un a dû réaliser que les emplois ne seraient pas norvégiens non plus. Il y a des pêcheurs en Norvège mais il faut qu'ils restent là où ils sont, on n'en a pas de trop, et ce serait ouvrir les portes en particulier aux russes (et tout ça , c'était même avant la guerre en Ukraine)... bref... gros coup de frein. Trop tard pour la loi déjà changée, mais dans le dernier livre blanc, il est écrit noir sur blanc que la Norvège ne financerait pas d'infrastructure liée à la pêche... et puis l'idée de stocker des crabes des neiges vivants avant de les exporter a été rejetée sous prétexte de risques d'évasion et de contribuer à la prolifération de l'espèce.

Retour à la case départ...

Jusqu'à ce que qqn ait la brillante idée d'une Folkehøgskole... nous y voilà...

Pourquoi est-ce brillant ? C'est un concept norvégien, ça s'adresse a priori à des élèves ayant fait un lycée norvégien (pas forcément directement après) donc sans pouvoir faire une sélection sur la nationalité, c'est un bon moyen de récupérer majoritairement des norvégiens... et des norvégiens qui comptent dans les statistiques parce que pour compter dans les stats comme habitant "permanent" il faut rester au moins 6 mois. C'est leur cas, contrairement à 95% des étudiants d'UNIS (qui ne sont d'ailleurs majoritairement pas norvégien, une autre histoire). ça crée aussi des postes pour les encadrants et enseignants et comme tout se fait en norvégien, ça aide aussi pour créer des emplois qui ont de bonnes chances d'être norvégiens. On espère aussi que certains des élèves se plaisent tellement ici qu'ils restent un peu plus longtemps, ou reviennent (idéalement avec une famille avec des enfants en bas âge). 

Parallèlement à ça, la Norvège crée des emplois publiques qui requièrent une maîtrise parfaite du norvégien... on sent une sorte de désespoir pour essayer de trouver des excuses pour créer de nouveaux postes, comme par exemple, on s'est récupéré 3 douaniers alors que les douanes n'ont jamais été représentées ici, tout été géré sur le continent... pauvres douaniers qui ont dû trouver eux-mêmes ce qu'ils pouvaient bien faire ici ! 3 norvégiens par ci, 3 norvégiens par là, ça coûte cher et ça n'aide pas bcp les stats... alors que la Folkehøgskole, c'est d'un coup plus d'une centaine de norvégiens, par rapport aux 2600 que nous sommes, ça commence à être significatif... et ça vaut bien quelques millions 

...

le petit bémol

...

par contre, pour aider les élèves en difficulté plus que légère à l'école primaire et au collège, il n'y a plus de sous. Avant ils recevaient de l'aide mais il a été décidé l'an passé que c'était fini (à part un processus de transition pour les élèves habitaient déjà ici et qui recevaient déjà de l'aide avant que le texte ne soit voté). Clairement, ceux-là, on n'a pas envie qu'ils restent. 

Le lycée on n'en parle même pas parce que Longyearbyen n'est pas tenue d'offrir un enseignement au niveau lycée (mais il existe à ce jour). Le revers de payer moins d'impôts que sur le continent.

Aujourd'hui, c'était portes ouvertes dans les nouveaux bâtiments de la Folkehøgskole, un concept qui peut surprendre en France (enfin... allez savoir... mes références françaises remontent à 20 ans ! ). Les   Folkehøgskoler sont des écoles après le lycée où les élèves vont pour un an et font des choses qui leur plaisent sans que cela ait forcément un but professionnel (rarement en fait), un peu une école de la vie avec des thèmes souvent pratiques. 

La Svalbard Folkehøgskole https://svalbardfolkehogskole.no/ a accueilli des élèves pour la 1ere fois à l'automne 2019 (eh oui, la 1ere promo a donc été une promo Covid) et a ouvert avec quelques spécialisations mais s'est agrandie petit à petit. Un des plus gros problèmes a été l'accès à des locaux décents et pratiques à la fois pour le logement (internat) et les activités quand elles ne sont pas en plein air, mais ça y est depuis quelques semaines, l'école a emmenagé dans ses nouveaux locaux où tout est regroupé. L'hébergement est dans un bâtiment qui a accueilli pendant quelques années une partie des étudiants d'UNIS mais ils ont déménagé pour de nouveaux locaux où tous les étudiants sont réunis automne 2021, libérant la place pour la Folkehøgskole qui n'a pas emmenagé immédiatement parce qu'ils ont rénové (même si les locaux étaient récents) et surtout fait construire un bâtiment supplémentaire pour les repas, les activités, réunions, vie sociale...

Je vous fais visiter les lieux...

atelier de peinture

une chambre noire pour la spécialité photo

il y a même une spécialité conduite de chiens de traineaux

Je continuerai demain mais vous pouvez déjà constater qu'on n'a pas lésiné sur les moyens et que, sur ce coup-là, l'état a été généreux (trops généreux ??)... et on peut s'interroger... pourquoi être si généreux pour des élèves qui viennent, en gros, juste passer du bon temps et se faire plaisir?? On a même le sentiment que l'argent a coulé bien plus abondamment que pour l'Université elle-même.

On complètera le tableau par le fait que le 1er ministre en personne est venu jusqu'ici pour la cérémonie de l'ouverture officielle jeudi.

Je vous laisse méditer jusqu'à demain... 

Comme le temps passe vite ! La réserve mondiale de graines fête ses 15 ans et après un début de vie parfois un peu houleux avec divers problèmes techniques et une inondation du couloir d'entrée, les choses semblent stabilisées  (on croise les doigts) et un bâtiment technique a été ajouté à l'extérieur pour éviter d'entrer dans la structure principale inutilement. A priori, il n'y a plus que pour les dépôts de graines que la porte est ouverte.

Petit à petit, ça se remplit. On atteint maintenant 1,2 millions de graines et quasiment à chaque livraison, de nouvelles banques de graines nationales, régionales ou privées s'ajoutent à la liste.

Même si 15 ans c'est rien, l'importance de ce "back-up" a déjà été démontrée, hélas, quand la banque de gènes d'Alep en Syrie a été détruite. 3 retraits de graines pour un total d'environ 120.000 graines ont par la suite été effectués et on permit de reconstituer le contenu de la banque qui est maintenant hébergé dans des pays voisins.

Quelques photos prises l'an passé en janvier avec mon téléphone, je ne sais pas si j'ai plus récent mais j'ai la flemme de chercher (et j'ai quelques soucis avec mon répertoire dans Lightroom qui n'arrangent rien)

et l'annexe construite par la suite

En 2014, j'avais eu l'immense privilège de la visiter et même de me promener entre les rayonnages  et j'avais publié les photos sur ce même site (j'étais encore zélée à cette époque )

http://lesaventuresdesophiearctique.eklablog.fr/global-seed-vault-a112858396

http://lesaventuresdesophiearctique.eklablog.fr/global-seed-vault-suite-a112891358

et pour ceux qui peuvent regarder NRK, on parlait de nous aux news dimanche, parce qu'on a marqué le coup au musée  (il faisait un vent de folie mais ça m'a motivée à sortir malgré tout) : https://tv.nrk.no/serie/dagsrevyen-21/202302/NNFA21022623/avspiller ça commence à 4min07s

Quand ça veut pas, ça veut pas...

Normalement, à cette saison, il fait très froid mais beau avec des couleurs incroyables... malheureusement, la météo nous joue des tours cette année, comme il y a 2 ans si je me souviens bien, très couvert et une succession de dépressions avec beaucoup de vent avec ou sans neige. Pour les belles couleurs, le rose sur le sommet des montagnes, c'est loupé... hélas. Assez frustrant mais on prend ce qui vient, il n'y a pas grand chose à faire

Alors on se contente des couleurs sur la carte des vents 

source windy.com

et les météorologues, eux, ne s'ennuient pas

source yr.no

Jolies couleurs sur la carte indiquant la hauteur des vagues aussi... En général, notre petit fjord, Adventfjorden, est protégé mais aujourd'hui ça moutonne... je n'ose imaginer à quoi ça ressemble en pleine mer  

source windy.com

Et bien sûr, la combinaison chutes de neige récentes + tempête => risque d'avalanche et la route entre l'ancien musée et Huset a été coupée par le Gouverneur ainsi que la piste de ski de fond qui longe. C'est pas très grave dans mon cas, je ne peux pas skier actuellement 

source sysselmesteren.no

et aucun rapport, mais comme aujourd'hui, c'est la journée internationale de l'ours polaire, je ne résiste pas à la tentation de partager qq photos prises il y a plusieurs années en fait... avant Covid... mais j'espère bien avoir une nouvelle possibilité cet été (cliquer sur les photos pour les voir en plein format... et nettes )

Ny dag, nye muligheter comme on dit en Norvège... un nouveau jour, de nouvelles opportunités

Les prévisions météo d'hier pour la journée d'aujourd'hui étaient un peu plus encourageantes, 3 avions étaient au programme : l'avion postal (avec la viande hachée, les blancs de poulet, poisson frais et autres), un avion de SAS direct d'Oslo, un avion de Norwegian d'Oslo via Tromsø où la météo n'était guère rassurante

Bilan :

avion postal annulé ce matin sans même essayer... prudence est mère de sûreté. La pénurie alimentaire se poursuit 

avion de SAS retardé au décollage de presque 3 heures... un bon choix stratégique apparemment, ils ont réussi à atterrir à la 1ere tentative. A bord, il y avait, entre autres, des passagers qui avaient tenté Oslo-Tromsø-Longyearbyen hier mais on eu droit à Oslo-Tromsø-...-Tromsø-Oslo

avion de Norwegian : atterri à l'heure à Tromsø, a poursuivi son petit bonhomme de chemin vers le Svalbard et là, ça s'est gâté... ils ont fait demi-tour après avoir survolé la pointe sud de Spitsbergen. C'était trop tôt, les conditions étaient encore trop merdiques. A bord, il y avait, entre autres, des passagers qui avaient tenté Oslo-Tromsø-Longyearbyen lundi (!!) mais on eu droit à Oslo-Tromsø-...-Tromsø-Oslo et re aujourd'hui. Demain, il est prévu un vol supplémentaire d'Oslo via Tromsø pour compenser. A se demander si c'est mission impossible pour Norwegian d'atterrir ici . Je compatis vraiment avec les passagers, non seulement ceux qui se sont tapés 2 x 6h de vol + x heures d'attente pour rien, mais aussi pour ceux qui sont bloquer ici et se tapent plusieurs fois l'aller-retour pour l'aéroport avec toute la journée bloquée/gâchée pour rien. 

Et à propos de Mission Impossible... devinez qui vient nous voir en mars/avril apparemment... eh oui ! le grand, l'unique, le célébrissime Tom Cruise, que je portais haut dans mon coeur jusqu'à ce que j'apprenne, il y a de nombreuses années, qu'il est membre de l'Eglise de scientologie (hum hum). On savait qu'il aime beaucoup la Norvège et il y a déjà passé du temps pour filmer je ne sais plus quelle Mission Impossible. Il s'était même "approprié" le presque aussi célébrissime site de Preikestolen pendant 1 mois en pleine saison touristique, empêchant des dizaines (certaines ?) de milliers de touristes de s'y rendre et admirer la vue. Je m'étais d'ailleurs tapé tout le film pour voir la scène et à ma grande surprise, dans l'histoire, c'était censé être au Népal ! c'était bien la peine alors que c'était censé faire de la pub pour la Norvège et la région. (Je me souviens très bien du contexte dans lequel je l'ai vu d'ailleurs, j'étais dans l'avion Paris-Santiago du Chili, une de mes interminables étapes pour mon non moins interminable voyage vers les Falklands et la Géorgie du Sud... ok, j'ai perdu mon temps à regarder ce film mais je n'avais pas franchement mieux à faire de toute façon). 

Cette fois-ci, il a apparemment prévu de filmer des scènes dans notre paradis blanc. On croyait le projet abandonné alors qu'il avait été décidé que l'aide financière accordée par la Norvège ne pouvait pas être utilisée pour filmer au Svalbard (same same but different ), mais non... il persiste... Et qui est derrière la production ?... roulement de tambour.... l'incontournable Jason Roberts et sa compagnie PolarX (anciennement Jason Roberts Productions), après les ours de la BBC (Blue Planet, the Hunt, et j'en passe), de Disney, Fortitude (en partie), the North Water et je ne sais quoi d'autre, ce n'est pas Tom Cruise qui va l'intimider. Le projet est censé être secret, mais ça fuite  et PolarX a fait une demande pour l'utilisation de 2 bateaux d'expédition (notamment Nordstjernen) et 30 atterrissages en hélico dans le cadre d'un tournage... mission impossible d'obtenir l'autorisation ??? on verra... les services du Gouverneur ont 4 semaines pour répondre

et maintenant, je suis sûre que tout le monde a en tête...

touloulou... touloulou... touloulou... toutou

pom pom...pompompom  pom... pompompom pom...