Nous avons atteint le summum de l'absurdité aujourd'hui.

Maintenant que l'été approche, certains locaux commencent à penser vacances et changer un peu d'air... aller voir ailleurs un peu de verdure, en Norvège par exemple puisque le gouvernement norvégien n'a pas l'air d'avoir envie que les gens aillent à l'étranger.

Et là, aujourd'hui... le choc !

On apprend tout à coup que tous ceux qui ne sont pas norvégiens ou qui n'ont pas un permis de travail en Norvège ne peuvent pas aller en Norvège. Ils peuvent transiter par la Norvège mais ce sera(it) un aller sans retour, en tout cas jusqu'à ce que les frontières norvégiennes ouvrent. Donc en gros, tout ce beau monde est coincé sur l'archipel jusqu'à nouvel ordre.

Moi, ayant pris la nationalité norvégienne, je suis libre d'aller et venir en Norvège mais je n'ai pas l'intention de quitter mon île.... mais quelque part, c'est bon de savoir que si je veux/dois, je peux. Je savais bien, en changeant de nationalité il y a plusieurs années, que c'était une bonne décision mais je ne savais pas vraiment pourquoi... maintenant je sais.

Ce que je ne comprends pas bien, c'est la logique du système. Les frontières de Schengen ont été fermées il y a quelques temps... si c'était l'argument utilisé, je pourrais presque comprendre puisque Svalbard est hors Schengen mais dans ce cas personne ne devrait pouvoir aller de Svalbard en Norvège continentale, y compris les Norvégiens.

L'argument qui est utilisé porte sur le contrôle aux frontières norvégiennes mais Svalbard c'est la Norvège donc il n'y a pas de frontière norvégienne entre Svalbard et le reste de la Norvège. Donc moi pas comprendre.

Et si en plus on réfléchit au pourquoi du comment = éviter la propagation de Covid-19, c'est pas plus logique puisqu'on n'a pas de cas (officiel) ici. Donc on ne peut pas contaminer la Norvège continentale en venant de Svalbard. A la limite dans l'autre sens, ce serait moins vrai, mais dans l'autre sens les gens peuvent voyager.

N'est-ce pas surréaliste ??

Il est clair que les choses se sont passées vite et que plein de décrets et lois provisoires ont été passées en catastrophe mais là, j'appelle ça une grosse boulette !

Bon... pour détendre l'ambiance... quelques photos de mon "voisin" venu "me rendre visite" pendant ma pause café hier après-midi... ça a de bons côtés de travailler à domicile. Bon timing parce que si je n'étais pas passée dans la cuisine juste à ce moment-là...

Il est encore étonnamment blanc. On devine quelques traces au niveau du museau et il a presque perdu tout son poil d'hiver sur la patte arrière droite mais sinon, il est beau et blanc (malgré un peu de saleté... c'est boueux en ville)

Quelques infos sociétales parce qu'avec tous ces oiseaux, j'ai failli à mon devoir

par thèmes... commençons par

Covid : toujours pas de cas prouvé ici mais ils ne testent en gros personne (je pense qu'ils préfèrent ne pas savoir... la stratégie du déni)

mais on nous "isole" encore au moins jusqu'au 18 mai: "isole" entre " " parce qu'on n'est pas isolé, et il y a toujours 6 avions (vides) par semaines mais comme on impose 14 jours de quarantaine à tous ceux qui viennent ici, ça ne motive pas les touristes

ça sent donc de plus en plus le soufre.

De toute façon, nous aussi nous sommes dans le déni... on est focalisé sur cette histoire de quarantaine pour Svalbard, comme si tous les problèmes étaient résolus si on l'enlève, mais n'oublions pas que la Norvège a fermé ses frontières, a priori jusqu'au 15 mai mais la demande a été faite auprès de l'UE pour une éventuelle prolongation de 90 jours au delà du 15 mai.... misère (c'est un peu compliqué... la Norvège n'est pas dans l'UE mais dans l'EEE et dans Schengen, mais pas Svalbard.... c'est clair ?)

Donc si on "ouvre" Svalbard, ça ne concerne que les Norvégiens (ce qui est mieux que rien pour le tourisme local mais ce qui ne m'aide pas beaucoup pour mon boulot)

Phase 2 : on réouvre la Norvège (ça ne m'aide toujours pas beaucoup)

Phase 3:  Les frontières de Schengen sont réouvertes... on commence à se demander si ça arrivera avant la fin de notre saison et on n'est toujours pas à l'abri de restrictions de certains pays qui ne laissent pas voyager leurs ressortissants

on est vraiment mal barré, non ?

Sinon, localement...

La Norvège ayant relâché un peu, on fait pareil plus ou moins  : les crèches/maternelles ont repris au grand soulagement des parents, et l'école va suivre dès lundi (je ne sais pas quels niveaux)

On a maintenant le droit d'être à 1m (au moins) les uns des autres et non plus 2m

Les regroupements de moins de 50 personnes dans un lieu public avec une personne responsable vont redevenir possibles : on peut espérer qu'ils ouvrent le ciné (c'est de toute façon pas si souvent qu'il y a plus de 50 pers)

-----

2e thème : le Northguider

histoire sans fin du bateau de pêche qui avait fait naufrage un peu avant Noël en 2018 dans Hinlopen (mais que foutait-il là pendant la période sombre ??). Tout l'été dernier, ils ont essayé d'approcher l'épave (il y avait de la glace une bonne partie de l'été alors qu'il n'y en avait pas les 10 dernières années au moins, typique) et quand finalement ils l'ont atteint, ils ont découvert que le trou dans la coque était plus gros que prévu, et puis la glace est revenue avant qu'ils aient vraiment pu faire quelque chose

source : Smit Salvage

source : Smit Salvage

rebondissement : nouveau plan pour cet été

le bateau va être découpé sur place et rapporté par morceaux. On ne fait pas dans la demi-mesure. C'est prévu pour la fin de l'été, une fois que les migrateurs auront migré (en espérant que la compagnie hollandaise, Smit Salvage, ait le droit de venir ici)

C'est l'assureur du bateau qui est responsable de l'opération mais les services du Gouverneur surveilleront l'opération et jouerons le rôle de conseiller pour ce qui est des problèmes environnementaux

De toute façon, comme ils ne vont pas avoir beaucoup de touristes à gérer, il faut bien les occuper

Le bateau est actuellement pris dans les glaces. Il avait été équipé d'un collier pour suivre les ours pour surveiller si il se déplaçait sous la pression de la glace pendant la période sombre. Apparemment, il n'a pas bougé

source Sysselmann

Autre sujet : j'ai oublié de vous informer qu'on avait eu des infos après l'autopsie de l'ours qui était mort après avoir été endormi et placé dans l'hélico pour le déplacer (le 2e de cet année, fin janvier, qui avait été repéré près de l'aéroport)... on savait juste que c'était une femelle, non marquée, et qui faisait 62 kg. L'autopsie a montré que c'était une oursonne de 2 ans (à cet âge, elle aurait dû être avec sa mère, peut-être que la mère est morte ? - ça peut arriver mais les chances de survie sont très faibles, d'ailleurs 62 kg c'est trop peu à 2 ans). L'autopsie a montré qu'elle est morte d'une défaillance circulatoire due au fait qu'elle ait été pourchassée 2,5 h en hélico, au stress et à l'anesthésique.

L'incident est en cours d'évaluation pour essayer de définir un protocole limitant les risques dans ce genre de situation (durée max, vitesse...). Mais ça montre bien qu'endormir/déplacer un ours n'est ni simple, ni sans risque.

On n'a par contre toujours pas le résultat de l'enquête de l'ours qui avait été tué en juillet 2018 à Sjuøyane lors des préparatifs du débarquement des passagers d'un bateau expédition (le Bremen pour ne pas le citer)... mystère

En ces temps de disette côté équipement de protection dans le secteur médical (entre autres), ça spécule dur sur les masques et autres.

Il y a quelques semaines, dans un élan de générosité inattendu, Store Norske, la compagnie minière locale, a envoyé une cargaison d'équipement à l'hôpital de Tromsø, principal hôpital de la moitié nord de la Norvège et dont le Svalbard dépend. 100 combinaisons de protection det 12000 masques venant de Svea, là où était localisée la plus grosse mine, maintenant fermée et en cours de démantèlement d'où ils ont été acheminés en motoneige apparemment.

photo Svalbardposten

photo Per Nilssen

Sauf que, il avait été antérieurement constaté qu'un lot de ces masques n'avait pas le même emballage que les autres et il était prévu d'enquêter sur leur qualité et leur provenance. L'information a été communiquée au centre hospitalier de Tromsø et la cargaison a  été marquée avec des grosses croix pour signaler qu'il ne fallait pas utiliser ces masques aant d'en avoir vérifié la qualité.

Photo Per Nilssen

Mais il y a eu boulette..

Environ 800 de ces masques ont été utilisés par 150-200 employés avant qu'on apprenne que c'était des copies pirates de qualité douteuse.

PER-CHRISTIAN JOHANSEN / UNN

Tout le personnel a été testé un jour sur 2 depuis que l'on sait que les masques ne protègent pas comme ils devraient  et on vient d'apprendre qu'au moins une personne a été contaminée. Espérons qu'il n'y en ait pas d'autres ! 

J'ai fini ma chasse aux oeufs de Pâques virtuels ce matin... au moins, ceux-là ne fondent pas au soleil... si si même par -20°C, ça pourrait être un problème. Le soleil chauffe, incroyable !, et fait fondre la neige sur les toits noirs. Très étrange d'entendre l'eau couler et goutter... on n'a plus l'habitude de l'eau à l'état liquide.

La chasse aux oeufs m'a conduite dans le quartier qu'ils sont en train de démolir. ça fait un moment qu'ils s'y sont attaqué, déjà pendant la nuit polaire en fait, mais je n'avais pas eu le courage, psychologiquement, de m'approcher.

Ils travaillent proprement et systématiquement... il n'y a quasiment aucune trace visible des bâtiments qui ont déjà été démolis... quelques tuyaux ou cables qui témoignent qu'il y avait quelque chose là, avant. Ce sera peut-être différent quand la neige fondra. Je me demande de ce qu'ils font des poteaux de soutènement.

Bizarrement, il y avait des personnes qui travaillaient sur le chantier, un samedi de Pâques mais bon... c'est le seul jour ouvrable

Illustration de l'état des lieux, photos au portable, qui a du mal à gérer la combinaison ciel bleu et neige (ce n'est pas surprenant d'ailleurs)

bâtiment encore intact mais qui est sur la liste

l'habillage de la partie basse a été enlevé. Tous les bâtiments sont construits sur "pilotis" et sont surélevés par rapport au sol, jamais en contact direct pour éviter que la chaleur du bâtiment ne fasse fondre le pergélisol

pas facile à voir mais en rouge sont indiqués les endroits où il y a des arrivées électriques (tout à fait à gauche mais la photo est trop sombre et en dessous des 4 fenêtres vers le milieu de la photo)

au 1er plan, quelques bouts de bois, câble et tuyaux témoignent que là aussi il y avait une habitation

Ce bâtiment aussi est sur la liste de ce qui doit être détruit

Il y a quelques temps, ils avaient démonté tout ce qui était réutilisable dedans et demandé aux gens de venir se servir... comme on n'a pas de matières premières sur place et quand on voit le coût du transport, il est important de recycler (au sens réutiliser) ce qui peut l'être

Le coeur du chantier actuel

et l'emplacement du dernier bâtiment complètement démonté/démoli

Les matériaux sont triés par type, soit pour être réutilisés, soit pour la gestion ultérieure des déchets

C'est le quartier de Lia, à l'est du centre-ville qui est concerné. La partie la plus nord du quartier a déjà été sécurisée et 11 maisons avaient été détruites lors de l'avalanche de décembre 2015 (là où la route fait une boucle qui ne mène nulle part... ça menait quelque part avant)

Depuis décembre 2015, on a vécu dans la crainte des avalanches et au rythme des évacuations... bizarrement, cette année, avec l'hiver "normal"= comme au bon vieux temps, le sujet n'a pas été d'actualité. 1 seule vraie tempête mais qui n'a pas poussé les autorités à imposer une évacuation. Il faut dire que les habitations les plus exposées ont été déclarées inhabitables et ont été  définitivement vidées de leurs occupants déjà l'été dernier.

Le corona semble avoir éclipsé les avalanches mais le plan sur plusieurs années suit son cours et c'est un peu étrange de constater que la seule activité visible en ces temps d'activité minimale est la destruction... tout un symbole !

Ces habitations sont démolies à la fois pour que personne n'y habite mais aussi parce qu'il faut dégager la place pour permettre la construction d'un énorme talus de 370 m de long, travaux qui devraient commencer cette année et prendre 2 à 3 ans. Il y aura aussi une 2e phase d'installation de pare-avalanches sur le flanc de la montagne dans la partie voisine de celle qui a déjà été sécurisé, et plus tard il faudra sécuriser la petite vallée entre le centre-ville et le quartier de Haugen (là où une rivière est indiquée sur la carte précédente)... tout cela illustré sur l'animation suivante

https://www.lokalstyre.no/getfile.php/4551868.2046.pbslzqtaaqaasq/Konsept5_skredsikring_komprimert.mp4

Vous avez maintenant compris que Pâques, c'est LE highlight de l'année. Il n'y a pas beaucoup de jours fériés en Norvège, mais on en a 4 à Pâques en incluant le dimanche ! (pour ceux que ça intéresse, les autres jours fériés sont le 1er mai, le 17 mai= fêt. nat., le jeudi de l'Ascension, le dimanche et le lundi de Pentecôte qu'on ne sait pas fait volé ici et pour Noël on a à la fois le 25 et le 26 décembre)

Je vous ai sans doute parlé de l'application mise en place il y a quelques années avec un calendrier de l'Avent avec des postes où se rendre (et noter un code) histoire de nous motiver à nous bouger le derrière pendant la période sombre. Cette année (ou en fait l'année dernière, déc 2019), on nous avait rajouté des feuilles de houx virtuelles à collecter à notre rythme, en plus du calendrier lui-même.

Innovation de cette année en ces temps de corona où beaucoup plus de gens sont restés en ville au lieu de quitter l'archipel, on nous invite à aller chercher des oeufs de Pâques virtuels disposés tout autour de la ville. Et quand on met la main dessus, il éclot et pouf... un ch'ti poussin

A ce sujet, j'ai une question. ça fait tellement longtemps que j'ai quitté la France que je ne sais plus comment ça marche : il y a des lapins en chocolat et des oeufs, mais pas des poussins, hein ? je n'arrive pas à me souvenir de poussins en tout cas. En Norvège, le jaune est la couleur de Pâques, et il y a des poussins partout !

Méthodiquement, j'ai divisé la ville en zones et je me suis répartie le "travail" sur plusieurs jours. Le principal problème est qu'on se gèle vite les doigts s'il y a un peu de vent et dans certains coins, les oeufs sont trop rapprochés : on n'a pas le temps de se réchauffer entre deux

voilà où j'en suis... beaucoup beaucoup de poussins

Il me reste en gros le centre-ville

plus un près de la crèche/maternelle que j'ai déjà "ramassé" mais j'ai dû faire une fausse manoeuvre et il apparaît toujours comme non éclos

ça m'a conduit dans un quartier où je n'avais jamais mis les pieds, bizarrement: le nouveau quartier qu'ils ont construit de l'autre côté de la ville avec des modules tout prêts.

Ce que j'ai trouvé le plus intéressant, c'est l'ère de jeux avec un bateau de pirate (partiellement enseveli dans la neige)

des cabanes toutes mimi

il y en avait une autre beaucoup plus grande que je n'ai pas prise en photo (shame on me)

et un ours polaire.... bien sûr... sur lequel les enfants peuvent escalader

ours conforme à toutes les règles de sécurité

Bref... ça marche... la chasse à l'oeuf, ça me promène et aujourd'hui, j'ai mieux calculé mon coup : je n'ai pas fait toute ma promenade dans l'ombre et  j'ai bronzé (du visage... le reste est bien empaqueté)

J'ai aussi rencontre un gang de lagopèdes (6)

plus 1 un peu plus loin qui faisait bande à part

la question qui tue... mâle ou femelle ??

et un petit tour en bord de mer pour profiter du beau temps et photographier Origo qui se morfond sans passagers et qui a fini par se mettre au mouillage