• Revenue (presque) entière

    Me voici de retour du weekend survie avec la Croix Rouge et j'ai bien survécu... globalement... mais mon gros orteil droit en a pris un coup.

    Je vous raconte le programme...

    Vendredi, après le paquetage et la préparation des pulkas, la chenillette du Sysselmann (voisin de la Croix Rouge) est venu nous récupérer et après un chargement plus ou moins épique (il a fallu monter 6 pulkas sur le toi), nous sommes partis à 18 h vers de nouvelles aventures et un lieu mystérieux... wink2

    J'illustre par une photo volée sur  les pages de la Croix Rouge dans un tout autre contexte :

    Revenue (presque) entière

    C'est le truc bleu en arrière plan... bizarrement, on a réussi à y mettre 15 personnes +8 pulkas +les sacs à dos... serrés comme des harengs.

    On a ensuite été largué dans la nuit noire dans un endroit qui s'est avéré être Krekling passet, accueillis par une douce température de -27... sans vent heureusement !! Ni une, ni 2 : montage des tentes, installation des latrines (en gros un trou dans la neige, protégé par des murs de neige contre le vent et les voyeurs), répartition des tours de garde... Pas de chance notre équipe (de 4) s'est récupéré le pire créneau : 2h -5h avec Sophie à 2h, une à 3h et les 2 derniers ensemble de 4 à 5. Et le problème, c'est que quand il fait -27, ce n'est pas une mince affaire de s'extraire de son duvet d'hiver, pour s'habiller, essayer de retrouver ses moufles... Même en essayant de ne pas faire trop de raffut et de ne pas déranger les autres, c'est assez sûr que les autres vont se réveiller. L'opération prend vite 10 minutes mais c'est impératif d'être bien habillé !! Et rapidement ensuite, c'est la relève qui se couche et doit se déshabiller et se re-glisser dans son sac de couchage + sac à viande, bien ajusté. Bref, pas beaucoup de sommeil et de toute façon celui qui fait sa ronde fait crisser la neige gelée donc un raffut d'enfer dans ce silence arctique. Côté température, ça se gérait très bien jusqu'au tout de garde... ensuite, j'ai commencé à geler des pieds...

    Donc en gros la Sophie n'a pas dormi (ça rime)... la mise en route samedi fut donc assez lourde !! et très peu efficace de la part et de celle des autres et comme on n'avait pas été réveillé à 7h comme prévu. Peu après le lever, voici la vue qu'on avait... appréciez (même si c'est un peu flou, l'appareil était très lent) parce que c'est la seule photo que mon appareil a accepté de prendre. Il devait passer la nuit avec moi dans le sac de couchage mais il y avait déjà trop de choses : chaussettes, gants, gps, lampe frontale, gourde remplie d'eau bouillante pour essayer de chauffer le duvet et un appareil photo c'est pas très confortable... Donc la batterie a lâché tout de suite et de toute façon, on n'avait pas vraiment le temps !

    Revenue (presque) entière

    Le programme de samedi après un petit déj laborieux à cause d'un primus qui faisait des siennes (quand il fait froid, rien ne marche correctement !), nous avons dû nous rendre à skis à 2 points dont on nous avait donné les coordonnées (lat/lon), là nous attendaient des questions. Au 2e poste, on devait appeler avec la radio pour avoir de nouvelles instructions et nous rendre à un 3e point. Puis RDV près d'une cabane où on nous a dit qu'une personne était portée disparue, on devait donc monter à la cabane et vérifier s'il y avait quelqu'un dedans ou autour. Le problème est que c'était assez pentu et complètement gelé. Les 3 autres (courageux ?, fous ?, doués ?) sont montés à ski, moi j'ai prudemment déchaussé et mis les crampons. Tout ça pour découvrir qu'il n'y avait personne ! de là, nouvelles instructions pour nous rendre non loin de là où une "avalanche" avait eu lieu et 3 personnes avaient été ensevelies, 2 portaient des arda, la 3e on devait la trouver en sondant puis 1ers secours à la personne trouvée, inconsciente et sans respiration. Dans un 2e poste, on devait faire une fouille rapide de surface et repérer les objets qui pouvaient indiquer la présence d'une personne : bilan 2 bonnets et 10... chocolats ! on a au moins pu se nourrir un peu. Puis pause repas express avant d'apprendre qu'une personne du groupe s'était "cassé" une jambe et on devait la transporter jusque chez le "médecin" dont on a eu les coordonnées. Le problème, c'est que ça obligeait de mettre beaucoup de poids dans 2 pulkas... celle contenant la personne blessé a bien dû atteindre les 100 kg au bas mot) entre la personne et les bagages... celui qui a tiré pendant 3 km en a chié bavé. 500 m auraient été bien suffisant sans changer le problème.

    De là nouvelles coordonnées pour nous rendre sur le lieu de campement où le but était de creuser une sorte de grotte dans la neige (snøhule en norvégien)... en Norvège tout le monde connait ça, en France j'en ai jamais entendu parler (non, c'est pas un igloo). Il faut creuser 2 entrées dans une congère puis une sorte de couloir entre les 2 entrées avec une tranchée pour piéger l'air froid puis il faut creuser au dessus un "banc" pour les couchettes et travailler le toit en arche sans aspérité pour qu'il n'y ait pas de gouttes qui vous tombent dessus pendant la nuit. Imaginez le nombre de mètres cube de neige ça représente ! et après plusieurs heures, on a dû renoncer et monter la tente (les autres groupes ont réussi, eux ! mais on est tombé sur de la neige très dure). Ça aurait été beaucoup plus chaud de dormir dans la grotte que sous la tente !

    Revenue (presque) entière

    Très "cosy" mais quand il faut creuser 5h, c'est moins inspirant ! En plus le terrain où on était n'avait pas beaucoup de pente donc il a fallu creuser des entrées profondes de 2 mètres pour être sûr d'avoir assez de hauteur (nous avions reçu l'instruction que la banc des couchettes devait être au-dessus du haut du couloir d'entrée, ce qui n'est pas le cas sur le dessin pour éviter que l'air froid ne rentre). Le détail qui tue, avoir une bougie qui brûle à la fois pour indiquer la localisation de la grotte et pour vérifier qu'il y a assez de dioxygène. Et il faut passer la nuit avec son arva sur soi, au cas où le tout s'effondre... charmant ! Et il faut ouvrir, reboucher l'entrée à chaque fois que quelqu'un entre ou sort, notamment pour les tours de garde.

    Pour nous, ça a donc été tente une fois de plus et sans tour de garde parce qu'on avait les tours de 20h à 23h et on n'était pas encore couché.... on creusait toujours.

    Et ce matin, j'ai senti que je ne serai pas capable d'assurer le retour en ville à ski d'une vingtaine de km avec le sac à dos assez lourd ou la pulka à tirer. Quand j'ai entendu qu'une personne de mon groupe rentrait en ville à cause d'une engelure, j'ai demandé à rentrer aussi, j'avais très très froid aux pieds. Finalement on a été 4 à être évacués et c'était très bien parce qu'on a eu droit au mode de locomotion le plus extraordinaire ici : le super 4x4 de la Croix Rouge où on peut dégonfler les pneus pour rouler sur la neige (et c'est le seul véhicule qui peut en recevoir l'autorisation par le Sysselmann). C'était donc très cool de rentrer en ville en roulant à travers "champs" dans un coin sans véhicule. Un groupe de skieurs qui arrivaient dans la vallée où on était au même moment a été un peu surpris de voir un véhicule là, au milieu de nulle part ! wink2 Malheureusement, je n'ai pas de photo.

    Rentrée à la maison, dans la douche, j'ai pu constater que la fraîcheur des nuits (ou des journées ?) avait laissé ses traces : engelure au gros orteil droit frown Je savais bien que ce n'était pas très raisonnable de camper dans de telles conditions. Svalbard 1, Sophie 0.

    A 16h, rendez-vous pour défaire le paquetage et mettre les choses à sécher... et pizzas. Oui, oui, la pizza à 16h c'est tout à fait normal pour les norvégiens, c'est l'heure du repas du "soir".

    Une carte des lieux :

    Revenue (presque) entière

    1er campement en haut à droite Kreklingpasset, plus au sud la cabane (c'était cruel, j'ai d'abord cru qu'on allait y manger le lunch), le point plus à l'ouest : le médecin, plus au sud dans Foxdalen le 2e campement... le dernier point le plus à l'ouest, la Croix Rouge pour les courageux qui se sont tout tapé !

    Et demain, on retourne ranger puis examen pour tester ce qu'on a appris cette année ! La fin est proche !

     

     

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  • Commentaires

    1
    Brunetti
    Lundi 23 Février 2015 à 08:35

    Quel programme, c'est impressionnant !  Dans ces conditions extrêmes il faut braucoup de courage. Encore bravo. 

    2
    Zaz
    Lundi 23 Février 2015 à 15:35

    Maintenant je n'ai plus aucun doute... elle est folle et maso!!!!

    3
    Linaigrette
    Mardi 24 Février 2015 à 02:57

    C'est vraiment bien d'avoir tenté l'expérience Sophie, d'avoir testé tes limites, d'avoir su t'arrêter ainsi que de nous avoir raconté l'aventure. Chapeau bas ! cool

    4
    Mardi 24 Février 2015 à 10:41

    @Brunetti : un peu too much à mon gout... ce qui est sûr c'est qu'on n'a pas eu le temps de s'ennuyer

    @Zaz : si j'avais su, je me serais abstenue !

    @Linaigrette : Non, ce n'est pas bien d'avoir tenté l'expérience avec de telles températures... j'ai hésité jusqu'au dernier moment à m'inscrire (à ce moment là, les températures prévues étaient autour de -20) et une fois qu'on était inscrit ça devenait obligatoire. Je n'aurais jamais tenté le coup si ce weekend n'était pas nécessaire pour valider l'année et rejoindre le groupe pouvant participer aux opérations de sauvetage. Je trouve le concept de tester ses limites stupide et tout ce que j'ai gagné avec mon engelure à l'orteil (en fait au moins un mais apparemment tous en ont pris un coup), c'est que je ne vais pas pouvoir profiter de la plus belle saison (que ce soit à motoneige, pied ou ski) et que je vais avoir une hypersensibilité au froid définitive au niveau des pieds... donc au lieu de m'aguerrir, l'expérience m'aura surtout rendue plus vulnérable. je trouve ça absolument pas raisonnable de la part de la Croix Rouge de placer les gens dans de telles conditions. Que ce soit fatiguant et inconfortable, qu'on ait froid, qu'on ne dorme pas, c'est une chose, mais quand plusieurs personnes reviennent avec des engelures, le jeu en valait-il la chandelle ? -35, c'est la limite inférieure utilisée pour la surgélation. On ne fait pas dormir les gens sous tente non chauffée à une telle température. La plupart des groupes en "expé" l'hiver ne font pas de tours de garde / ours à cause du froid... et  je pense que c'est pendant ma garde du 1er soir que mes pieds ont gelé. Je n'ose pas imaginer ce qu'il serait advenu de mes orteils si j'avais persisté dimanche :(

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    5
    rlp
    Mardi 24 Février 2015 à 12:43

    ça ressemble à quoi, tes engelures ? (une photo ! une photo !!)

    en tous cas, j'espère que ça ne ressemble quand même pas à ça :http://www.hellocoton.fr/grosses-engelures-aux-doigts-de-la-main-3949951

    6
    Linaigrette
    Mardi 24 Février 2015 à 14:53

    Alors, effectivement Sophie, je me suis trompée ! tu n'as pas su t'arrêter (validation où pas validation) frown. En t'inscrivant, tu t'imaginais bien d'un minimum de risques à assumer par rapport à tes limites, non ?!  (après l'oreille, l'orteil). cry

    7
    manchito
    Mardi 24 Février 2015 à 20:51

    Cela me rappelle une oreille ....

     

    8
    Mardi 24 Février 2015 à 21:37

    @Manchito : et l'oreille aussi s'en rappelle... et s'en rappellera toujours :( Mais l'avantage avec l'oreille, c'est que j'arrivais toujours à utiliser mon bonnet. Avec les orteils, c'est plus compliqué : il n'y a que les bottes de motoneige que j'arrive à mettre... c'est pas très pratique pour marcher !eek

    9
    Samedi 28 Février 2015 à 17:56

    @rlp ... t'as le droit à "ta" photo dans l'article d'aujourd'hui + d'autres encore plus atroces que celle de ton lien, histoire de traumatiser tout le monde ;-)

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