• Les faits sur l'ours abattu

    Après 2 jours passer à répondre à tous les adeptes du " y a qu'à, faut qu'on" et à expliquer les faits sur tous les réseaux sociaux, je baisse les bras. Je vais donc présenter une dernière fois, ici, les faits avec autant de précision que possible sachant que les autorités compétentes disposent certainement d'informations/arguments supplémentaires que je ne connais pas.

    Après cela, je clos la discussion et je ne publierai pas les commentaires éventuels et n'y répondrai pas (parce que si je les publie, je dois y répondre)

    Les personnes qui savent de quoi elles parlent et disposent du recul et de la compétence nécessaires sont celles qui ont pris la décision et étaient les mieux placées pour le faire.

     

    1. Un ours a été observé deux fois en pleine ville le 26 et le 28 Décembre. Il se trouve que personne n'ait tombé dessus avant qu'il n'ait été pris en charge par les autorités. C'est un gros coup de pot. Cet ours a été repoussé/effrayé en hélico/motoneige et chenillette pour l'éloigner de la ville. La météo n'a pas permis de le repousser aussi loin que ce qui avait été envisagé. Cet ours a été à nouveau observé dimanche près de cabanes non loin de la ville, malgré une recherche intensive par les airs (hélico), la mer (Polarsyssel) et la terre, voitures de patrouille (et motoneiges ??), il n'a pas été possible de repérer où était cet ours. Il y avait des traces allant vers la mer et en ressortant, donc il est allé dans l'eau mais impossible de savoir s'il avait quitté les environs à la nage.

    2. L'ours a été relativement facile à effrayer et n'a pas de comportement agressif envers les véhicules (il n'a pas été confronté à des personnes "non abritées")

    3. C'était un mâle relativement jeune (l'histoire confirmera mâle de 7 ans). La catégorie la plus à risque avec les vieux ours délabrés et désespérés.

    4. La persistance acharnée d'un ours à revenir vers la ville n'est pas habituelle.

    5. 1er janvier, juste après minuit, l'ours est à nouveau observé juste à la sortie de la ville, se dirigeant vers la ville. Un ours est habituellement effrayé par le bruit, les claquements, les explosions, mais ce n'est pas toujours le cas (les pistolets d'alarme ne sont donc pas toujours efficaces). Le fait que cet ours venait vers la ville alors que des feux d'artifices étaient tirés de partout en ville (les particuliers ont le droit de tirer leurs propres feux d'artifice en Norvège) indique un comportement très inhabituel et un ours difficile à effrayer par des "piétons"

    6. Dans certains cas, il peut être envisagé d'endormir un ours et de le déplacer. Nous disposons maintenant d'un peu plus d'informations: il n'y a qu'un vétérinaire qui a la compétence nécessaire, il dépend de l'institut polaire norvégien et n'est pas basé ici. Il n'était pas disponible.

    7. Même si le vétérinaire compétent avait été disponible, il n'est pas sûr que l'opération aurait pu être menée à bien. Les ours sont habituellement endormis depuis un hélico mais cela n'aurait pas été possible alors qu'il fait nuit. Il aurait fallu réaliser l'opération en motoneige et il y a très peu de neige dans la vallée en ce moment. Ce n'est pas sûr qu'ils aient pu le faire.

    8. Certains ont dit que plutôt que de le tuer, on pouvait prendre le risque de demander à une autre personne d'essayer même si l'ours pouvait mourir durant l'opération. D'une part, ce n'est pas simple (j'ai assisté à l'opération en avril 2016 alors qu'il faisait beau, grand jour et toutes les bonnes conditions, c'était laborieux), d'autre part l'ours doit être vraiment correctement endormi alors que des personnes doivent le manipuler puis le transporter DANS l'hélico et rester à côté pour environ 1h15/1h30 de vol

    9. Il faut normalement surveiller un ours au réveil pour qu'il ne s'étouffe pas dans son vomi en se réveillant (il faut veiller à ce qu'il ne s'endorme pas avec la tête vers le haut). Il est fréquent que l'ours se réveille, se déplace un peu, se rendorme etc...

    10. Il n'est pas possible d'assurer une surveillance de la ville qui garantisse que l'ours ne puisse pas atteindre une zone habitée sans qu'on le sache (la ville est cernée de points d'accès, l'ours ne suit pas forcément une route, il peut venir par un flanc de montagne, la rivière et même la mer... là aussi, comportement inhabituel, un ours essaie généralement d'éviter de nager s'il a une autre option, mais c'était un ours nageur). Il fait nuit 24/7 et l'éclairage ambiant est faible

    11. Les habitants n'ont pas de moyens de protection quand ils sont en ville : on n'a pas le droit de porter une arme chargée en ville, les pepper spray ne sont pas autorisés. En ville, il y a des gens qui ne sont pas sensibilisés/préparés à la rencontre avec un ours : enfants, touristes, même certains locaux qui ne sortent jamais de la zone habitée

    12. Rencontrer un ours en ville est le contexte le plus dangereux. Il est beaucoup plus facile de gérer un ours en terrain ouvert. En ville, on peut surprendre l'ours (et se surprendre soi-même) à la fois parce que les bâtiments ne permettent pas de visibilité et à la fois parce qu'il y a trop d'odeurs qui ne permettent pas à l'ours d'anticiper notre présence. Un ours surpris a statistiquement beaucoup plus de chances d'être agressif.

    13. Le gouverneur est responsable de la sécurité des gens en ville (en dehors chacun sort à ses risques et périls)

    14. Après que l'ours ait été tué et ramené en ville pour les différentes analyses qu'ils font systématiquement, il a été constaté que cet ours est l'ours qu'il a fallu endormir et déplacer en avril 2016 alors qu'il était juste à la sortie de la ville. Ils le savent avec certitude parce qu'il était marqué (tags dans les oreilles, numéro tatoué sous la lèvre, et sans doute microchip). C'est donc un ours qui avait déjà posé problème, à l'époque ils l'avaient déplacé parce qu'il ne répondait pas au flare gun et ne réagissait pas correctement à l'hélico. Le déplacer à nouveau, même si cela avait été possible, n'aurait donc rien résolu. Il serait revenu dans 1 an, 2, 3 on ne sait pas quand mais il serait revenu et le risque pour la population aurait toujours été là. 

    15. Cela n'a jamais été un problème de ressources financières

    16. Avoir 1 personne compétente d'astreinte en ville n'aurait pas résolu le problème

    17. Ce n'est pas de gaité de coeur que la décision d'abattre cet ours a été prise

    18. En avril 2016, ce n'est pas parce qu'il était affamé qu'il souhaitait nous rendre visite. Avril est le moment de l'année où les ours trouvent le plus de nourriture

    Je pense avoir à peu près fait le tour. Je clos la discussion et tant pis pour ceux qui de leur sofa pensent mieux savoir que les gens qui ont travaillé avec les ours une bonne partie de leur vie. Personne n'a été capable de proposer une alternative réaliste depuis que cela s'est produit.

    La seule vraie question est en fait, faut-il maintenir une ville dans une zone à ours ? (je n'appelle pas à commentaire, comme je le disais précédemment, je ne publierai aucun commentaire)

    La Russie a en fait pris la décision de déplacer un village en Nouvelle Zemble alors que les confrontations avec les ours se multipliaient.

    Pour finir, quelques photos de cette longue séance de combat avec ce même ours avant de parvenir à l'endormir en avril 2016

    Les faits sur l'ours abattu

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